Les dernières données des taux débiteurs* immobiliers de BKAM à fin T1 2022, montrent une baisse de 0,18% à 4,6% par rapport au dernier trimestre 2021, alors qu’ils étaient aux alentours de 4,82%.
Ce niveau de taux a été accentué à la baisse depuis l’avènement de la crise sanitaire profitant de la double baisse du taux directeur sur l’année 2020 pour atteindre 1,5% qui reste le taux de référence à ce jour.
En effet une baisse du coût de refinancement à travers la baisse du taux directeur a poussé les banques à réduire les taux appliqués à la clientèle pour espérer donner un nouveau souffle à l’économie mise à mal par la crise sanitaire. Les taux immobiliers n’ont pas été épargné par cette baisse pour atteindre un plus bas historique sur les 10 dernières années.
*Taux concernant la production des crédits immobiliers sur un trimestre selon un sondage réalisé auprès des banques de la place
Vers un renversement de la situation actuelle ?
Seulement depuis fin Février l’escalade de la guerre entre la Russie et l’Ukraine a amplifié l’inflation à des niveaux historiquement élevés partout dans le monde. Un scénario peu anticipé par les banques centrales en début d’année, qui les a pousser à infléchir leurs politiques monétaires accommodantes passant par la FED, la banque d’Angleterre, et bientôt la banque centrale européenne qui compte opérer deux hausses des taux de 0,25% en Juillet et en Septembre 2022.
Au Maroc à près de 6% à fin Avril en glissement annuel, l’inflation affiche l’un des taux plus élevés dans les pays arabes. Une réaction de Bank-al-Maghrib suivant cette même orientation monétaire n’est pas à écarter. Notons que depuis le début d’année 44 banques centrales ont relevé leurs taux directeurs pour juguler l’inflation avec une part importante de pays avec une balance commerciale structurellement importatrice
Côté budgétaire le contexte d’une mauvaise campagne agricole conjuguée à l’inflation galopante, maintiendrait la pression sur le déficit budgétaire via la hausse de la compensation suite à l’envolée du prix du gaz, du sucre et de la farine. Des données qui plaident pour un resserrement budgétaire du trésor d’ici fin d’année en l’absence d’une sortie à l’international pour combler son besoin de financement. Une situation qui pourrait exercer une pression à la hausse des taux de bons du trésor.
En tout état de cause les taux d’intérêt pourraient rester bas à court terme mais une hausse des taux semble se dessiner au regard des conditions macro-économiques. Enfin un financement via les taux fixes serait toujours à privilégier, cette forme de financement qui représente la majorité des financements de crédit à l’habitat, soit près de 94% des encours de crédits habitat selon les derniers chiffres de BANK-AL-MAGHRIB.
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