Au Maroc, les comptes d’épargne ou comptes sur carnet, considérés comme un des principaux piliers du financement bancaire (18% du bilan des banques), et près de 1/3 du total des dépôts bancaires commencent à montrer des signes d’essoufflement ces dernières années et plus particulièrement depuis mi-2020 suite à l’annonce de la banque centrale de procéder à une deuxième réduction du taux directeur de 50 points de base après celle de 25 points de base en Mars, le ramenant à 1,5% suite au déclenchement de la crise sanitaire.
Avec un encours à 175 Milliards MAD à fin Février 2022, le taux de croissance annuel moyen sur les 5 dernières années s’affiche à 2,6%, soit deux fois moins la croissance qu’à connue les dépôts bancaires à vue sur cette qui était de près de 5%.
Le dernier taux de rémunération sur le premier semestre 2022 à fin 06/2022 ressort à 1,05% en légère hausse de 0,02% par rapport au deuxième semestre 2021 qui était à 1,03% son plus bas historique.
En effet le taux créditeur de rémunération du compte sur carnet étant totalement indexé au taux BDT (Bons du trésor) 52 semaines minoré de 0,5% selon les règles de calcul de BKAM, s’écroule brutalement, et ce sans prise en compte de :
- La TPPRF (taxe sur le produit de placement à revenu fixe) pour laquelle est assujettie ce type de produit et qui s’élève à 30% pour les personnes physiques et 20% pour les MRE.
- Le calcul des intérêts se faisant trimestriellement prend en compte la règle de la quinzaine* qui défavorise les épargnants sur le volet des intérêts recus.
*Les versements effectués durant une quinzaine sont comptabilisés au premier jour de la quinzaine suivante, alors que les retraits sont comptabilisés au premier jour de la même quinzaine
Par ailleurs le contexte inflationniste n’améliore guère la situation, la rémunération réelle déduisant le taux d’inflation ressort en territoire négatif !
Comparé au même mois de l’année précédente, l’inflation au T1 2022 a enregistré une hausse de 5,3% au cours du mois de mars 2022 conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 9,1% et de celui des produits non alimentaires de 2,8%.
Cette inflation selon une étude réalisée par le HCP (Haut-Commissariat au plan) sur « l’inflation au Maroc » devrait se maintenir compte tenu de la hausse des cours des matières premières importées et des tensions géopolitiques omniprésentes qui pourraient maintenir le prix du baril supérieur à 100 dollars.
l’investissement en produits bancaires plus rémunérateurs mais moins flexibles, notamment les dépôts à terme à un an qui offrent un rendement à fin Mars de 2,47% selon les dernières statistiques de BKAM n’arriveraient pas à neutraliser cette inflation.
Quelles alternatives dans ce contexte ?
les épargnants désirant accroître leur rémunération en acceptant plus de risque pourraient s’orienter vers le marché action directement, ou indirectement à travers les OPCVM (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières), des instruments d’investissement qui présentent plusieurs avantages notamment :
La diversification , l’accessibilité, la gestion déléguée à des professionnels, un large choix de véhicules, une valorisation continue, la fiscalité, un cadre législatif et règlementaire strict, la liquidité mais surtout le rendement qui à moyen terme pourrait être plus intéressant qu’un placement bancaire classique .
L’investissement dans l’immobilier à travers les OPCI ( Organismes de placement collectif en immobilier) pourrait également s’avérer une bonne alternative , néanmoins ce type de produit n’est à ce jour pas encore ouvert au grand pubic.
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