Banques participatives au Maroc : Etat des lieux
La taille du marché du financement participatif au Maroc est encore très limitée. Bien qu’en développement continu depuis 2018 (en témoigne un taux d’évolution moyen des encours de +54% entre 2018 et 2020), ce type de financement représente 0,9 % seulement du total actif du secteur bancaire global à fin 2020 et 1.5% a fin Novembre 2021.
Les produits proposés par les banques et fenêtres islamiques au Maroc sont pour le moment très basiques, en l’occurrence la Mourabaha immobilier qui représente près de 80% de l’encours des financements islamiques à fin 2020.
Depuis l’introduction des banques et fenêtres islamiques au Maroc, leurs activités ont été significativement freinées par les déficits de liquidité. En témoigne le ratio de transformation (crédits / collecte) qui est de l’ordre de 276 % à fin 2020, et ce, en raison des sources de refinancement à Moyen Long Terme insuffisantes.
Le marché du financement participatif est dominé par deux acteurs principaux qui cumulent 55 % de PDM financement et 67% de PDM des dépôts à vue au 31/12/2020. Il s’agit de Bank Assafa (Attijari Wafabank) et Umnia (CIH).
Banques participatives au Maroc : Perspectives d’évolution
Malgré les conditions économiques sévères liées à la propagation du Covid-19, les activités de finance participative ont poursuivi leur développement en 2020, principalement sous l’effet de la croissance des financements Mourabaha (9,7 Md MAD ; +50 % en 2020) qui restent largement prédominants dans les encours à l’actif de ces institutions (80% des encours de financement au 31/12/2020).
Pour cette année la trajectoire demeure bien orientée pour ce type de financement quoiqu’en décélération , la croissance s’est établie à fin octobre a 35% enregistrant un additionnel des encours crédits de 3.5 MD MAD.
Les dépôts sont également en progression en 2020 (3,8 Md MAD de dépôts à vue ; +49% ; 1 Md MAD de dépôts d’investissement au 31/12/2020 ; +172 %) mais restent insuffisants (ratio crédits / collecte au niveau de 276 % à fin 2020). A ce titre le taux de transformation, appelé aussi coefficient d’emploi demeure aux alentours de 100% pour les banques classiques.
Le potentiel de croissance sur les prochaines années semble important en dépit de la faible croissance que connaît le secteur bancaire compte tenu de sa forte pénétration financière.
En effet, l’activité devrait consolider sur ses avantages notamment sa faible base de départ qui laisse place à des évolutions d’encours potentielles à deux chiffres pendant encore plusieurs années. Le potentiel devrait néanmoins être tributaire de :
- La mise en place d’éventuels nouveaux produits : Les produits autorisés par le Conseil supérieur des oulémas, sont très limités. L’avènement d’autres types de financement est en mesure de propulser la production à moyen terme.
- La capacité des banques participatives a drainer de l’épargne, clef de voûte de développement du secteur
Si le potentiel de croissance sur les prochaines années apparaît très important (faible base de départ, nouveaux produits attendus, synergies complémentaires avec les maisons mères, etc.), la part de marché à horizon 2030 ne devrait probablement pas dépasser 5 à 6 % de l’ensemble du secteur bancaire national compte tenu de facteurs structurels :
– Bancarisation des adultes déjà à un niveau de 70 %
-Adossement de l’ensemble des institutions participatives à des groupes bancaires conventionnels bien établis .
Le potentiel restera étroitement lié à la volonté et aux priorités qui seront données par les autorités du pays.
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