Les perspectives d’un basculement vers une nouvelle récession mondiale en 2023 pèseraient sur les débouchés extérieurs et amortiraient la reprise de l’activité amorcée en 2021 c’est que relève une récente étude du HCP sur les perspectives d’investissements des entreprises marocaines en 2023.
En effet les entreprises seraient plus prudentes en matière d’investissement, de façon à redresser leur situation financière interne afin d’être moins dépendantes des financements bancaires au moment où elles sont appelées à rembourser leurs dettes contractées dans le cadre des programmes de prêts garantis et de relance mis en place en période post-covid.
Dans ce sillage, force est de constater que la part des encours bancaires affectés à l’équipement ne cesse de faiblir pour atteindre à fin Octobre 2022 à 17% contre 20% en pré-crise sanitaire. Cette baisse s’est faite au profit des crédits de trésorerie qui ont cru cette année de 17% contre 6% des encours globaux.
A cela s’ajoutent les effets du resserrement de la politique monétaire de nature à pousser les banques à durcir leurs conditions d’octroi des crédits. Les entreprises seraient de nouveau confrontées au frein de financement pour le développement de leurs activités, sur fond d’un retournement à la hausse des taux d’intérêt
Un choc inflationniste plus durable
Les entreprises subissent également les effets d’un choc inflationniste sur leurs coûts de production dans le sillage de l’augmentation des prix des matières premières importées amorcée à la mi-2021. Sur l’ensemble de l’année 2021, leurs inputs intermédiaires se sont renchéris de 6,7%, en variation annuelle, au lieu d’une baisse de 0,6%, en moyenne, par an au cours de la période 2014-2020. Cette ascension avait marqué l’ensemble des branches d’activité. Toutefois, les entreprises étaient moins nombreuses à répercuter totalement ce choc inflationniste sur les prix de vente en 2021, sauf dans l’industrie chimique et les activités commerciales.
En décomposant par catégorie, le choc des prix pénalise davantage les structures vulnérables dans les industries manufacturières, notamment les très petites entreprises, confrontées à une hausse des prix de leurs intrants de près de 7 %, au lieu +3,2 % seulement pour les grandes entreprises. L’impact du renchérissement des inputs sur la rentabilité des entreprises sera différencié en 2022 et dépendra de leur capacité à imposer une hausse de leurs prix de vente par branche d’activité, dans un contexte de faible dynamique de la demande intérieure.
Si les entreprises répercutent 25% de leurs charges financières, liées à la hausse des prix de leurs inputs, les branches des industries du textile et de la fabrication du bois seraient les seules qui verraient le taux de leurs marges s’améliorer de 1 à 2 points en 2022.
Les autres branches seraient marquées par une baisse de leurs marges par rapport à 2021. En contrepartie, une transmission totale du choc inflationniste sur les inputs aux prix de vente permettrait d’améliorer la rentabilité des branches industrielles et limiterait la baisse des marges pour les services. L’application des augmentations salariales dans le cadre du dialogue social prévu en cours de 2022 renforcerait encore la réduction des marges comparativement à 2021.
Plusieurs facteurs économiques et financiers conduisent ainsi à anticiper une faible croissance de l’investissement des entreprises en 2023. Cela renforcera le déficit de l’accumulation de capital physique enregistré pendant la période 2016-2020 et pèsera sur la dynamique de la croissance économique sur le moyen terme. Si la crise inflationniste s’accentue et fait perdurer la récession, les défaillances des entreprises seront encore plus fortes. L’impact sur l’emploi, l’investissement et les impôts sera perceptible avec plus d’acuité à partir de 2023.
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