Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Roberto Cardarelli , le chef de Mission du FMI au Maroc a mené des discussions avec les autorités marocaines dans le cadre des consultations de 2022 au titre de l’article IV, du 24 octobre au 4 novembre.
À l’issue de la visite, M. Cardarelli a fait la déclaration suivante :
« L’économie marocaine a connu une confluence de chocs négatifs en 2022 qui ont freiné le rebond rapide après la pandémie. La sécheresse a négativement affecté la production agricole, tandis que les chocs des termes de l’échange liés à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont davantage alimenté l’inflation et réduit le pouvoir d’achat. La reprise du secteur du tourisme, la résilience des envois de fonds des migrants et des exportations ont partiellement compensé ces chocs négatifs. La croissance du PIB devrait s’établir à environ 1¼ % en 2022 et le déficit du compte courant devrait se creuser pour atteindre environ 4¼% du PIB. Dans l’hypothèse d’une amélioration progressive des conditions extérieures et d’une saison agricole moyenne, la croissance devrait s’accélérer pour atteindre environ 3% l’année prochaine et le déficit du compte courant devrait se réduire à environ 3½% du PIB, mais de fortes incertitudes planent sur ces perspectives.
« Bien que causées par des chocs mondiaux sur l’offre et les prix des matières premières, les pressions inflationnistes se sont généralisées au cours de cette année. En conséquence, Bank Al Maghrib a procédé de manière appropriée à un resserrement monétaire en septembre. Alors que nous nous attendions à ce que l’inflation commence à baisser l’année prochaine, sous l’effet de la baisse prévue des prix mondiaux des matières premières, assurer un retour de l’inflation à près de 2% d’ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d’ancrer davantage les anticipations d’inflation.
« Nous saluons la décision du gouvernement marocain de publier sa programmation budgétaire triennale dans le cadre du projet de loi de finances 2023 qui prévoit une réduction continue du déficit budgétaire pour se rapprocher des niveaux d’avant la crise sanitaire. Le projet de loi de finance 2023 se concentre également, à juste titre, sur l’atténuation de l’impact des chocs récents et sur le financement des réformes indispensables dans les systèmes de protection sociale, de santé et d’éducation. Les modifications apportées à l’impôt sur les sociétés et à l’impôt sur le revenu des personnes physiques visent à réduire la charge fiscale pesant sur les petites et moyennes entreprises et sur les salariés, tout en augmentant la progressivité globale du système fiscal et en élargissant son assiette. Les réformes annoncées de la TVA, de la fonction publique et du secteur des établissements et entreprises publics, la poursuite du renforcement de l’administration fiscale et de la rationalisation des dépenses, ainsi que l’amélioration du ciblage de la compensation grâce à l’introduction du registre social unifié, devraient créer davantage d’espaces budgétaires et permettre une réduction plus rapide de la dette publique à moyen terme.
« Le renforcement de la résilience de l’économie marocaine, dans un contexte de marges de manœuvre budgétaire et monétaire limitées et d’incertitude exceptionnelle appelle à l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles. Des progrès significatifs ont été réalisés dans l’extension de la protection sociale, bien qu’une grande partie des travailleurs indépendants n’aient pas encore rejoint le nouveau système contributif de soins de santé et de retraite. Des réformes profondes des systèmes de santé et d’éducation devraient améliorer l’accès, l’efficacité et la qualité des services. Les récentes mesures de réforme des entreprises publiques, ainsi que l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI et la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l’investissement devraient contribuer à stimuler l’investissement privé. Les progrès réalisés dans la libéralisation du marché de l’électricité devraient accélérer la transition vers les énergies renouvelables, tandis que beaucoup reste à faire pour remédier à la raréfaction des ressources en eau.
« L’équipe du FMI s’est entretenue avec de hauts responsables du gouvernement marocain, de Bank Al-Maghrib, ainsi qu’avec des représentants des secteurs public et privé. L’équipe souhaite exprimer sa gratitude aux autorités marocaines et aux autres parties prenantes pour leur hospitalité et leurs discussions franches et productives. »
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