De par son ampleur et son étendue, la pandémie de la Covid-19 a provoqué ces deux dernières années une crise induisant ainsi une contraction du commerce international, une chute de la consommation et de l’investissement ainsi qu’un effondrement du tourisme mondial.
En dépit de l’ampleur de la récession économique induite par la crise Covid-19, l’activité des banques a pu maintenir un rythme de croissance soutenu en 2020 et 2021 et ce malgré cette situation inédite ayant engendré dans son sillage des conséquences néfastes sur l’économie tant au plan mondial que national. En effet, les restrictions instaurées à l’échelle planétaire pour endiguer la propagation du virus ont paralysé les chaînes d’approvisionnement et mis en arrêt plusieurs secteurs d’activités économiques et ce, grâce aux mesures entreprises par l’Etat et par la Banque Centrale pour soutenir l’économie.
Quel comportement de l’activité bancaire depuis le déclenchement de la crise sanitaire ?
Les crédits bancaires sur l’année 2020 et 2021 ont cru respectivement de 4,5% et 3% boosté principalement par les crédits de trésorerie qui ont surperformé les encours bancaires globaux, leur évolution ressort respectivement à 8,5% et 10% durant ces deux dernières années.
A ce titre, le total des encours des programmes garantis Oxygène et relance ont totalisé à fin 06/2021 un montant de 60 Milliards de MAD répartis entre 45 Milliards de MAD en 2020 et 15 Milliards MAD en 2021. Le rallongement des délais de paiement inter-entreprises, la hausse des cours des hydrocarbures nécessaires à l’importation sont également des facteurs qui ont alimenté cette hausse des concours bancaires court terme.
Courant 2021, Les autres catégories d’encours bancaires ont été en revanche moins dynamiques notamment :
- Les crédits immobiliers : qui ont enregistré une hausse de 2,7% , dont la moitié de la croissance provient des crédits participatifs , un segment qui a le vent en poupe ( 4,5 milliards de MAD d’encours additionnel )
- Crédits à l’investissement : Le manque de visibilité des opérateurs économiques dans un contexte de pandémie à fortement touché ce segment qui a même décru de 4%.
Cette croissance des encours bancaires a été néanmoins moins visible sur les réalisations financières des banques particulièrement au niveau de leurs marge d’intérêt et de surcroît de leur produit net bancaire en raison du tassement des marges consécutivement à la baisse des taux débiteurs particulièrement en 2020.
En 2021, les banques ont profité en revanche d’une année pleine d’un coût de refinancement plus bas, allégeant la pression sur le taux de marge d’intérêt. La marge d’intérêt du secteur bancaire côté a cru +3.3% au premier semestre (+2.7% Hors CIH ).
Le bon comportement de l’activité de marché a pu compenser cette atonie sur la marge d’intérêt particulièrement en 2020 maintenant une croissance du PNB à 3.5 % en 2020 et de 1.7% au S1 2021.
Une croissance de l’activité, mais à quel coût ?
Dans un contexte de hausse du chômage et de compression des carnets de commandes notamment pour les secteurs d’activité les plus sinistrés, les créances en souffrances ont crû ces deux dernières années de 13 Milliards de MAD, faisant passer la sinistralité du secteur bancaire à 8.45% contre 7,6% . A ce titre la hausse des créances en souffrance a été plus importante chez les ménages que chez les entreprises non financières sur l’année 2021 .
Dans une optique anticipative, les banques ont dû fortement intégrer les potentiels défauts (entreprises & ménages) dépréciant fortement leurs portefeuilles en 2020 faisant grimper le taux du coût du risque à 1.7%, soit un niveau jamais atteint par le secteur . Ce dernier a fortement baisse pour atteindre son niveau d’avant crise à 0.9% en 2021.
Quid de 2022 ?
Dans son dernier rapport de la politique monétaire, BKAM table sur une hausse des crédits bancaires de 3,4% en 2022, avant de s’accélérer à 4,4% en 2023.
Dans ce sillage les banques devraient profiter de cette croissance en finançant l’économie dans une configuration qui resterait assez semblable à 2021, c’est-à-dire dominée par les encours de trésorerie dans un contexte de hausse des matières premières, et dans une moindre mesure des crédits à l’équipement.
A cet égard la dernière enquête du HCP auprès d’un échantillon de 2300 entreprises, montre que les obstacles à l’investissement devraient perdurer. Plus de 7 entreprises sur 10 ne prévoient aucun projet d’investissement en 2022.
Les crédits immobiliers et ceux dédiées à la promotion immobilière devraient pâtir d’une potentielle baisse des transactions immobilières dans un environnement toujours tendu des prix des matériaux de construction et qui devrait se répercuter à la hausse sur le prix des biens immobiliers.
Les réalisations des bancaires devraient être conditionnées par la vigueur de la reprise économique entamée en 2021, mais surtout une détente continue du coût du risque à l’image de 2021, en lien avec l’amélioration attendue de la qualité des portefeuilles crédit. Cette hypothèse ne serait se réaliser que si les banques ne se confrontent pas à des grosses difficultés en provenance des corporates notamment dans les secteurs les plus sinistrés ( transport, tourisme & hôtelier…)
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