Durant sa dernière tournée en Afrique, Mme Kristalina Georgieva la directrice du FMI n’a pas manqué de souligner qu’il serait essentiel que la région dispose des moyens et des fonds nécessaires pour renforcer ses capacités de production et de fabrication de vaccins, d’autant que le taux global de vaccination contre la COVID-19 sur le continent reste inférieur à 10 %. Alors que l’Afrique connaît une quatrième vague d’infections, l’apparition du variant omicron rappelle encore une fois que la capacité de la région à s’équiper pour lutter contre la pandémie et répondre aux besoins futurs en matière de soins de santé a des incidences mondiales.
Répondre aux besoins actuels
Malgré les efforts remarquables de l’Institut Pasteur, l’Afrique reste pour l’instant tributaire des importations et des dons de vaccins contre la COVID-19. La priorité absolue doit être de garantir la prévisibilité des livraisons de vaccins, notamment par le biais du mécanisme COVAX et du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT). Il faudra aussi prévoir des fonds pour faire en sorte que les systèmes de santé africains puissent vacciner rapidement la population locale dès la livraison des vaccins, notamment en organisant des campagnes de sensibilisation visant à rappeler l’importance des vaccins, et à réduire la désinformation et l’appréhension par rapport à la vaccination. Au-delà des doses, la région doit pouvoir accéder aux tests, aux traitements et aux équipements de protection.
L’année dernière, les services du FMI ont proposé un plan d’éradication de la pandémie, qui prévoyait de vacciner 40 % de la population de tous les pays d’ici à la fin de 2021 et 70 %[1] d’ici à la mi-2022. Les progrès sont spectaculaires, mais il faut faire mieux. Il est alarmant de constater que la distribution de vaccins et d’autres moyens se poursuit à deux vitesses radicalement différentes. En Afrique, par exemple, seuls sept pays ont atteint l’objectif de 40 % en 2021 et, pour beaucoup, l’objectif de 70 % semble de plus en plus ambitieux.
Dans ce contexte, il faudra que la communauté internationale renforce les liens de coopération et l’appui qu’elle apporte. Par exemple, le comblement du déficit de financement du dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), qui s’élève à 23 milliards de dollars, serait un premier pas encourageant, car une part importante de cette initiative est orientée vers l’Afrique. Pour atteindre l’équité vaccinale, il ne suffit pas de livrer des vaccins ; il faut également aider davantage les pays de sorte que ces vaccins soient administrés à la population.
Améliorer la résilience pour l’avenir
Les efforts pour répondre aux besoins urgents ne doivent pas se faire au détriment des besoins futurs. L’amélioration de la résilience pour l’avenir est également une priorité, de même que le renforcement de la capacité de la région à subvenir à ses besoins, que ce soit contre la COVID-19 ou contre toute autre maladie qui pourrait survenir. Faute d’approvisionnement prévisible et fiable en vaccins, par exemple, les autorités sanitaires sont souvent contraintes de réagir très rapidement pour accepter des doses, dont la durée de conservation est généralement limitée, ce qui complique considérablement la logistique pour des systèmes de santé déjà mis à rude épreuve. En somme, pour que l’Afrique soit réellement résiliente, elle ne doit pas dépendre de la générosité à répétition de la communauté internationale. Elle doit augmenter ses capacités de production locales et consolider les chaînes d’approvisionnement régionales.
L’Afrique qui vaccine l’Afrique : c’est nécessaire et réalisable.
Les travaux de l’Institut Pasteur de Dakar révèlent les ambitions de la région dans la lutte mondiale contre la maladie. Grâce à l’aide financière des États-Unis, de l’Union européenne et de fondations internationales, ainsi qu’à l’utilisation judicieuse d’une partie de la récente allocation de DTS du Sénégal, une nouvelle usine de fabrication est déjà en cours de construction. Une fois terminée, elle sera l’une des premières structures du continent capables d’assurer le processus de fabrication du début à la fin, et un maillon potentiellement essentiel pour l’approvisionnement de l’Afrique en vaccins contre la COVID-19 et d’autres maladies.
L’Institut est loin d’être le seul centre d’excellence de la région. Il fait partie d’une impressionnante communauté scientifique et sanitaire africaine qui contribue immensément à la santé mondiale, comme elle l’a récemment prouvé avec la découverte et le séquençage du variant omicron. Pour l’instant, 12 sites de production, en activité ou en projet, répartis dans six pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Égypte, Maroc, Rwanda et Sénégal), devraient produire une large gamme de vaccins contre la COVID-19.
Discussion sur ce post