La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) est un projet ambitieux qui vise à créer sur le continent africain l’une des plus grandes zones de libre-échange au monde avec un marché potentiel de 1.2 milliard de consommateurs et un PIB combiné de 3.000 milliards de dollars. Signé en mars 2018 au sommet de Kigali par 44 chefs d’Etat et de gouvernement, la ZLECAF s’inscrit dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine qui vise un marché unique à l’échelle du continent.
Au 30 septembre 2021, 38 pays avaient ratifié l’accord qui prévoit que la libéralisation des produits non sensibles (90% des lignes tarifaires) se déroule entre2021 et 2025, celle des produits sensibles (7% des lignes tarifaires) se déroule entre 2026 et 2030. Conformément à l’accord, 3% des lignes sont exclues de la libéralisation à condition que ceci ne représente pas plus de 10% du commerce.
La Direction des Etudes et des Prévisions financières (DEPF) du Ministère de l’Economie et des Finances du Royaume du Maroc et l’Agence Française du Développement (AFD) en collaboration avec l’IFPRI a réalisé une étude d’impact de l’adhésion à la ZLECAF sur l’économie marocaine au sens large ( PIB, exportations, importations, consommation , investissement, Emplois…) Les deux scénarios qui ont été retenus sont les suivants :
Scenario 1 : correspond au cas de la ZLECAF sans produits sensibles et exclus (ZLECAF0%). Ce scenario d’élimination totale des droits de douane (sans produits sensibles et exclus) permet d’étudier quel est l‘impact de la clause des produits sensibles et des produits exclus. Il représente ainsi le maximum de gain que l’on devrait observer en l’absence de clause d’exclusion.
Selon ce scénario, la ZLECAF 0% aurait un impact quasi nul sur le PIB en volume. L’augmentation en volume des exportations de 2,7%, conjuguée à la légère hausse de la consommation finale (+0.2%) et de l’investissement total (+0,3%), seraient quasiment compensée par l’augmentation des importations en volume de 2,5%.
Scenario 2 : correspond au cas de la ZLECAF avec réduction des mesures non tarifaires de 50% (ZLECAf-MNTs50%). Il s’agit du vrai scenario calé sur le calendrier de l’accord avec une élimination des droits de douane entre pays africains sur 90% des lignes tarifaires entre 2021 et 2025, suivie d’une libéralisation de 7% des lignes correspondant aux produits sensibles entre 2026 et 2030. En outre, dans ce scenario, il est supposé que les négociations sur les mesures non tarifaires aboutissent à une réduction de 50% de ces entraves au commerce de marchandises entre pays africains.
En revanche, l’accord réel qui serait accompagné par une réduction des mesures non tarifaires de 50% aurait un impact significatif sur le PIB de +0.3%. En effet, l’augmentation des importations a été moins forte (+2%) et la hausse de la consommation finale a été plus dynamique (+0.5%).
En définitive, un accord uniquement sur les tarifs serait d’un impact limité et que seule une réduction ambitieuse des mesures non tarifaires est à même de générer un effet significatif.
Il convient de noter que ces résultats s’expliquent, en grande partie, par le fait que l’Afrique ne représente que 9,4% des exportations marocaines de marchandises et que les exportations marocaines totales de marchandises ne représentent que 16% environ du PIB marocain. Par conséquent, les exportations marocaines de marchandises vers l’Afrique ne représentent que 1,5% du PIB marocain.
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