Bien qu’elle ait évolué pour refléter les circonstances changeantes de l’économie et des marchés, dans sa forme la plus simple, la gestion actif/passif implique la gestion des actifs et des flux de trésorerie pour satisfaire aux engagements d’une institution financière. Il s’agit d’une forme de gestion des risques dans laquelle l’investisseur cherche à atténuer ou à couvrir le risque de ne pas remplir ses engagements. La gestion actif/passif permet d’accroître la rentabilité de l’organisation, en plus de gérer les risques.
La gestion de l’actif et du passif (Asset Liability Management ou ALM en Anglais) est menée dans une perspective à long terme qui gère les risques découlant de la prise en compte du décalage entre les actifs et les passifs . Cette pratique peut être à la fois stratégique et tactique.
Un prêt hypothécaire mensuel est un exemple courant de passif qu’une personne paie à partir de ses entrées de fonds. Chaque mois, le débiteur hypothécaire doit disposer de suffisamment d’actifs pour payer son hypothèque. Les institutions ont des défis similaires, mais à une échelle beaucoup plus complexe. Par exemple, un régime de retraite doit contractuellement satisfaire les paiements de prestations aux retraités tout en maintenant une base d’actifs suffisante. Ceci passe par une allocation d’actifs prudente et une surveillance des risques à partir de laquelle générer des flux de trésorerie futurs.
Le passif des institutions financières est complexe et varié. Le défi consiste à comprendre leurs caractéristiques et à structurer les actifs de manière cohérente. Cela peut aboutir à une allocation d’actifs qui semblerait sous-optimale (si seuls les actifs étaient pris en compte). L’actif et le passif sont généralement considérés comme des concepts intimement liés plutôt que séparés.
Cet article présente quelques exemples des défis liés à l’actif et au passif des institutions et des particuliers.
La gestion actif passif dans le secteur bancaire
En tant qu’intermédiaires financiers, les banques acceptent des dépôts pour lesquels elles sont généralement tenues de payer des intérêts (passif) et offrent des prêts pour lesquels elles reçoivent des intérêts (actif). En plus des prêts, les portefeuilles de titres font partie intégrale des actifs des banques. Les banques doivent gérer à titre d’exemple, le risque de taux d’intérêt, qui est généralement causé par un un décalage entre les maturités résiduelles de l’actif et le passif.
La marge d’intérêt nette d’une banque – la différence entre les intérêts qu’elle paie sur les dépôts et ceux qu’elle reçoit sur ses actifs (prêts et titres) – est fonction de la sensibilité aux taux d’intérêt et du volume et de la composition des actifs et des passifs. Dans la mesure où une banque emprunte à court terme et prête à long terme, il existe souvent un décalage que la banque doit résoudre par la structuration de ses actifs et de ses passifs. Cette structuration peut être également appuyée par par l’utilisation de produits dérivés (par exemple, swaps, options et contrats à terme) pour s’assurer qu’elle satisfait à tous ses engagements.
La gestion actif passif dans les compagnies d’assurance
Il existe deux principaux types de compagnies d’assurance : les compagnies d’assurance-vie et les compagnies d’assurance non-vie (p. ex., les assurances multirisques). Les assureurs-vie offrent également des rentes qui peuvent être viagères ou non viagères, et d’autres types de produits similaires.
L’assurance-vie a tendance à être un engagement à plus long terme. Une police d’assurance-vie varie selon le type, mais la le produit typique est généralement basée sur le versement d’une somme forfaitaire à un bénéficiaire après le décès d’un propriétaire. Cela nécessite une planification actuarielle utilisant des tables d’espérance de vie et d’autres facteurs pour déterminer les obligations annuelles estimées auxquelles un assureur sera probablement confronté chaque année.
Les assureurs non-vie doivent faire face à des engagements (sinistres accidents par exemple) d’une durée beaucoup plus courte en raison du cycle de souscription typique de trois à cinq ans. Le cycle économique tend à déterminer le besoin de liquidités d’une entreprise. Le risque de taux d’intérêt est moins important pour un assureur non-vie que pour un assureur-vie. Le passif a tendance à être incertain, tant au niveau de la valeur que de l’échéance. La structure du passif d’une entreprise est fonction de sa gamme de produits et du processus de réclamation et de règlement.
La gestion actif passif dans les régimes de retraite
Un régime traditionnel à prestations définies s’engage à satisfaire à une promesse de paiement. Par conséquent, l’investissement est de nature à long terme, dans le but de maintenir ou d’accroître la base d’actifs et de fournir des paiements de retraite. Dans la pratique connue sous le nom d’investissement de LDI (Liability Driven Investment) , les gestionnaires évaluent le passif en estimant la durée des paiements de prestations et leur valeur actuelle.
Le financement d’un régime de retraite implique souvent de faire correspondre des actifs à taux variable avec des passifs à taux variable (paiements de retraite futurs basés sur les projections de croissance des salaires des travailleurs actifs) et des actifs à taux fixe avec des passifs à taux fixe (paiements de revenus aux retraités). Comme les portefeuilles et les passifs sont sensibles aux taux d’intérêt, des stratégies telles que l’immunisation des portefeuilles et l’appariement des durées peuvent être employées pour protéger les portefeuilles des fluctuations des taux.
La gestion actif passif dans les sociétés de gestion de patrimoine
En matière de patrimoine privé, la nature des engagements des individus peut être aussi variée que les individus eux-mêmes. Elles vont de la planification de la retraite et du financement des études à l’achat d’une maison et à des circonstances uniques. Les impôts et les l’appétence au risque encadrent le processus d’allocation d’actifs et de gestion des risques et déterminent la répartition appropriée des actifs pour faire face à ces engagements. Les techniques de gestion de l’actif passif peuvent être comparées à celles utilisées au niveau institutionnel, en particulier les stratégies de fonds d’investissements.
La gestion actif passif dans les grands conglomérats, et les sociétés multinationales
Enfin, les sociétés peuvent utiliser les techniques de gestion actif passif à toutes sortes de fins. Parmi les motivations, on peut citer la gestion des risques de liquidité, de change, de taux d’intérêt et de matières premières. Une compagnie aérienne, par exemple, pourrait couvrir son exposition aux fluctuations des prix du carburant afin de maintenir une correspondance actif passif gérable. De plus, les entreprises multinationales pourraient couvrir les risques de pertes de devises par le biais du marché des changes afin de s’assurer d’une meilleure prévision de la gestion des actifs par rapport aux paiements.
Réflexions finales
La gestion actif passif peut s’avérer être une activité très complexe. Une compréhension des facteurs internes et externes qui affectent la gestion des risques est essentielle pour trouver une solution appropriée. Une répartition prudente de l’actif tient compte non seulement de la croissance de l’actif, mais aussi de la nature du passif d’une organisation.
Discussion sur ce post